un p'tit verre ? libre

Le soleil vient de se coucher sur Bristol, seule dans mon appartement je regarde le magnifique coucher de soleil aux tons rosâtres et je termine la clope que je viens d'allumer. Comme d'habitude je me sens triste et nostalgique, ce coucher de soleil me rappelle de bons et de mauvais souvenirs, c'est comme si il avait le don de me faire rêver, imaginer, repenser à mes souvenirs les plus anciens. J'aspirai une bouffée de ma cigarette et je posai ma main sur mes cheveux blonds, aujourd'hui je les avais bouclés pour les besoins du cabaret, j'avais dû faire une chorégraphie avec les cheveux lâchés et bouclés. Soudain, mon portable se mit à vibrer, je le sortis de ma poche et regardai qui pouvait bien être l'émetteur, c'était ma meilleure amie, ça me fit sourire de savoir qu'elle pensait à moi de temps en temps. J'appuyais sur les touches de mon portable pour bien savoir ce qu'elle voulait me raconter et je regardais le message qui s'affichait petit à petit. Je souris quand j'appris qu'elle voulait qu'on sorte en boîte de nuits ce soir, je n'avais rien de prévu pour l'instant, c'est donc avec grand enthousiasme que je lui répondu positivement. Une fois après lui avoir envoyé le sms, je me dirigeais vers ma salle de bains pour prendre une bonne douche froide, celle ci me rafraîchirai bien. C'est quelques minutes plus tard que je finis la douche du soir, je me maquillai légèrement, rouge à lèvres rouges et fard à paupières et laissa mes cheveux tomber sur mes épaules. C'est alors que je sortis de ma salle de bains pour aller choisir la tenue que j'allais enfiler. Après quelques réflexions, je choisis une robe courte noire et des escarpins noirs aussi, je me parfumais et étais enfin prête pour sortir. Je refermai la porte de mon appartement et me rendis dans la rue pour attraper un taxi, le soir les taxis se faisaient rares, ils étaient en général tous pris... C'est enfin au bout de quelques minutes que je montais dans mon taxi.
Enfin, j'arrivai devant la boîte de nuit, il y avait un monde fou, quand soudain je sentis mon portable vibrer " désolé je ne pourrai pas venir en fait, petit empechement bises " * et merde ! * C'est alors que je rentrais dans la boîte de nuit seule et je m'installais au bar en regardant les autres qui dansaient sur la piste de danse.

C'est bizarre je souris. Je m'amuse à tirer de sales têtes dans le miroir de l'agence de mannequin, ma maquilleuse passe derrière moi et me regarde comme si j'étais folle, puis elle poursuit son chemin en rigolant. C'est vrai, je suis un clown je l'avoue, mais là ce n'était pas réellement fait exprès. Pas du tout en fait. Des filles sont là, assises sur leurs sièges à me regarder comme si j'étais sortie de l'asile. Pourtant, elles m'envient toutes, je le sais. C'est bizarre d'ailleurs d'être enviée par des gens. Par des filles cent fois plus jolies que moi ... enfin de toute façon elles m'envient simplement parce que l'on me voit beaucoup, couvertures de magasins surtout, Vogue, Jalouse, Elle ... je fais beaucoup de couvertures en ce moment, mais ça me dérange pas. Je m'en fiche. Je ne change en aucun cas mes habitudes, je me trimbale toujours pas maquillée dans la rue malgré ce que me disent les gens de l'agence ... pour une fois que tiens tête à des gens ! Mais ils ne vont quand même pas me dire " étouffent ta peau à coups de fonds de teins ! " enfin ils peuvent me le dire, mais je fais la sourde oreille. J'arrête de jouer ma débile et pars m'asseoir à côté de ces jolies poupées blondes et brunes. L'une d'elles me demande un autographe, je lui souris en lui disant :

Je suis pas une star !

Vous rigolez ?! Vous avez fait la couverture de Vogue !

Mouais ... tu peux me tutoyer, t'inquiètes pas.

Je finis à peine ma phrase que mon coiffeur vient me chercher, il faut me préparer à être " shooter " comme on dit, je signe très vite l'autographe à la jeune fille et lui crie tout en m'éloignant, qu'elle est très belle et qu'elle a toutes ses chances. Je la vois de loin, elle rougit, et sourit, me sourit.

Je m'ennuie horriblement pendant toute la séance photo, je fais ce que l'on me demande toujours " souris, mais pas trop. regardes moi " alors je souris, et je le regarde, ce photographe là, je sais même pas qui c'est en plus. Je le connais pas.

Une heure plus tard je suis dans mon Audi TT, en route pour mon appartement, enfin. Cette journée m'a vraiment paru longue. Arrivée chez moi je file à la douche enlever cette tonne de maquillage qui fait que l'on ne me reconnait pas, enfin que je ne me reconnais pas. Sous la douche je chante, je crie même ! En russe : ya soshla s uma de taty. En anglais : all the things she said de t.a.t.u. et ça me fait sourire. Je n'oublie pas la Russie, tout ce que j'y ai vécu, tout ce que j'y ai aimé. Mais surtout mes parents. Après dix minutes sous l'eau je sors, ouvre la fenêtre, il fait encore chaud, enfin chaud, bon on va dire. Je file dans ma chambre, acollée à la salle d'eau, file vers mon sac à main, american apparel en sors un briquet et un paquet de clope. Je mets une clope dans ma bouche, allume avec le briquet, puis file vers la chaîne et mets la musique. Ce soir c'est décidé : je sors. Je me file en suite vers mon dressing, arrivée là-bas j'aspire une grande bouffée de ma clope, comme si je me disais " aller, ma poule, tu peux le faire ! " oui, de toute façon il faut bien que je le fasse. Je déteste choisir des habits, je mets trois plombes ! J'ai tellement de vêtements aussi ! Il faudrait que je fasse le tri ! Entre ceux que je m'achète, ceux que les créateurs me donnent, ceux que je reçois des grands couturiers pour que je sois vue avec, je ne m'y retrouve plus moi ! Mais bon comme d'habitude on fait avec. Je tiens ma clope entre deux doigts et agite les cintres en même temps. Je tombe sur ce que je cherchai : une petite robe courte noir, bustier de chez Yves St Laurent. Je chope des escarpins Louboutin au passage, un petit sac Gucci également. J'enfile le tout rapidement, mes cheveux sont encore mouillés mais je m'en fous. Je renverse le contenu de mon sac american apparel dans mon Gucci et file vers la voiture. Je conduis doucement, tout en chantant, oui encore.

Je commence à faire la queue lorsque le directeur vient me chercher, me sert dans ses bras, encore un qui veut être vu en ma compagnie, je subis, je pense mais je ne dis rien. C'est pas grave. C'est jamais grave. Je lui souris, une fois qu'il m'a lâché, il me dit " entre ma belle ! fais pas las queue ! " je le remercie et m'engouffre dans la salle. Elle est bondée. Je m'avance jusqu'au bar. Je croise le regard d'une fille, d'une fille que je connais très bien et me mets à crier " Alex ! Alex ! " tout en me fraillant un chemin vers elle.

Allez ma poule, c'est ma tournée ! Deux vodkas s'il te plaît !

Elle avait l'air assez contente de me voir, ouf. On s'entend vraiment bien toutes les deux, je ne sais pas pourquoi, sûrement parce que nous avons un long vécu derrière nous. Pourtant nous sommes très différente. C'est le genre à être nostalgique, à penser au passé, son passé lui bouffe la vie ! J'aimerai le lui dire, l'aider quoi, mais je n'ai pas assez de cran pour le lui balancer. J'ai bien trop peur de la blesser. Et puis je ne sais pas si j'apprécierai qu'on me balance : " arrêtes d'être gentille ! envoies chier les gens Lena ! " le problème étant que même si on me le disait je ne le ferais pas. Si ils m'avaient parlé, si mes parents m'avaient parlé, j'aurais peut-être pu les aider ! J'aurais au moins pu essayer ! Mais ils ne m'ont rien dit ... ils ont tout gardé pour eux. ça fait mal de savoir à quel point j'ai pu être débile, impuissante, naïve. J'étais heureuse, ils s'occupaient de moi, mais pourtant ils n'allaient pas bien, pas bien du tout ! Je n'aurais pas dû me soucier de mon bonheur, mais du leur ... oui, si j'avais. Mais à présent c'est trop tard, ils sont partis et rien ne me les ramènera jamais, il faut que je m'y fasse c'est comme ça.

Le serveur nous amena nos vodkas, je lui fis un petit clin d'oeil, je le connaissais peu, mais il était gentil du peu que je savais de lui. J'étais assise à côté d'Alex, elle avait de très belles boucles aujourd'hui, ça lui allait terriblement bien, elle était belle, comme à son habitude. Très belle. Elle me demanda comment j'allais, je lui répondis en russe, elle avait quelques notions, j'en profitais. Elle me répondit elle aussi en russe.

Bha écoutes, sa va très bien et toi ? Tu as de superbes boucles, mon Dieu ! ça te va vraiment bien, j'adore !

Sa va oui, aussi ... ah ! tu as remarqué, merci !!

Evidement que j'ai remarqué attends ! Oh ! J'aime vraiment, tu devrais te faire ça tous les jours ! Mais bon, après tu passerais encore plus de temps dans ta salle de bain ! *rires

J'avais parlé un peu vite sur cette dernière phrase, elle comprit la globalité mais pas tout, je le vis à son visage. Je commençai à la connaître un peu quand même. Je sais pas réellement pourquoi nous sommes amies, mais je sais que je ne pourrais pas habiter cette ville pourrie, si elle n'y était pas, elle aussi ! Certaines fois on rencontre des gens comme ça et on se dit " mais comment j'ai fait pour vivre sans elle pendant tout ce temps ? " c'est vrai n'empêche ! Elle regardait les gens danser, d'un petit sourire moqueur, elle était danseuse, c'était normal pour elle. Et puis ces gens dansaient vraiment mal. J'eus une idée, une super idée comme j'en ai bien souvent. Je me leva d'un coup sec, lui pris la main et lui cria, pour essayer de couvrir la musique, pour qu'elle m'entende :

Allez viens ! Tu vas leur montrer ce que c'est d'être danseuse !

Elle explosa de rire, attendit cinq secondes avec ce petit sourire en coin qui voulait dire " t'es sûre ? " puis elle se leva en criant " allez, c'est parti ! ". On dansait comme des folles lorsque deux jeunes hommes commencèrent à se rapprocher de nous, je sentais qu'Alex était de plus en plus réticente, mais elle ne disait rien comme si elle voulait oublier son dur passé, le mettre de côté pour s'amuser rien qu'une soirée. Pour ma part ça ne me dérangeai pas, de toute façon rien ne me dérangeai. On dansait tous les quatre, je m'amusais pour ma part, en lançant de petits regards discrets à mon amie tout de même, elle tenait encore. J'étais fière d'elle, j'affichai un énorme sourire, elle releva un peu la tête vers moi et me sourit elle aussi. Je n'étais pas sûre qu'elle s'amuse, mais elle essayait au moins. Elle faisait des efforts, elle voulait s'en sortir. Je chopai deux coupes de champagne, en passa une à mon amie et nous continuâmes à danser.

Elle me fait signe de venir m'asseoir à côté d'elle en tapotant sur le sol. Je rapplique rapidement, je tire une bouffée de ma cigarette et fais un rond avec, enfin, quelque chose qui ressemble à un rond plutôt ... ce qui nous fait sourire, elle tire à son tour sur sa clope et me dit qu'il faut qu'elle me parle. Je l'écoute évidement, elle me dit qu'elle est désolée, qu'elle a gâché ma soirée ... un tas de bêtises comme ça, j'ai envie de lui dire : " arrêtes ! pas du tout ! tu l'as rendu génial au contraire ! " mais je me tais, comme d'habitude. Elle écrase brusquement sa cigarette sur le sol à la fin de sa phrase, je relève le visage vers elle, mais elle regard au loin, comme si elle réfléchissait sur toute sa vie, comme si elle remettait tout en cause. Elle plonge son regard dans toute cette obscurité, je me dis à ce moment qu'elle a dû savourer, que c'est normal de ne pas pouvoir faire confiance à des gens, on se ressemble tellement sur certaines points ! Elle essaye de cacher son malaise pourtant ça ne sert à rien, je ne vois que ça, sa souffrance et elle me tue en même temps qu'elle. J'arrive à un point où je ne veux que prendre soin d'elle, où son bonheur est la seule chose qui me fait sourire, que le contact de nos mains entremêlées me fait sourire, me donne du bôme au coeur. Elle relève le visage, je la regarde toujours, elle plonge ses yeux intensément dans les miens, ils brillent, ses magnifiques yeux brillent de milles couleurs. Et dans un seul souffle elle me remercie. Elle me remercie d'être là pour elle. Je me dis intérieurement " merci à toi plutôt, merci d'être là. ". Elle dépose un baiser au bord de mes lèvres, ce qui me surprend, elle n'est pas du genre à montrer son affection pour quelqu'un, alors je ne dis rien. Je fais comme si de rien était pour ne pas la gêner, pour ne pas qu'elle regrette son geste qui m'a fait énormément de bien. Je sens que je rougis et je m'en veux voilà ! J'entends un petit souffle, comme si elle s'amusait de mon petit far ! Puis elle me caresse la joue. Je tourne la tête et lui dis tout simplement :

Merci à toi ...

Et le silence revient. Doucement je sens qu'elle me prend la main, et la comme si tout avait toujours été très simple je me retourne vers elle, alors que mon regard était jusqu'à maintenant porté sur les passants, m'assoie en tailleur en fasse d'elle et commence à lui parler, à lui dire.

Tu sais que tu peux avoir confiance en moi pas vrai ? Tu peux et tu pourras toujours tout me dire, je ne te laisserai pas tomber, tu sais que je ne suis pas comme ça. Tu comptes énormément pour moi, je veux que tu le saches. Que tu saches que je t'aime comme tu es, pour ce que tu es. Peu importe ton problème avec les garçons ou autre ! Je sais que tu souffre, que même si tu essayes de montrer que ça va et bha ça va pas. Tu pourras toujours m'en parler, je serais toujours là, toujours.

Il fallait que je lui dise, qu'elle sache simplement que j'étais là. Qu'il fallait qu'elle m'en parle ! Qu'elle pouvait m'en parler ! Si mes parents m'avaient parler de leurs problèmes peut-être seraient-ils encore avec moi, à mes côtés ! Peut-être que je n'aurais pas élevé ma petite soeur ! Peut-être que je serai la Lena d'avant, toujours heureuse qui n'a pas peur de dire ce qu'elle pense ! Peut-être que notre famille serait très unie. Mais non, ils ont préférés nous laisser tomber, ils ont préféré se tuer sans penser aux conséquences de leurs actes, sans penser à nous. Ils étaient égoïstes voilà tout ! Mais je les aimai pourtant. Je ne leur pardonne toujours pas d'avoir gâché mon adolescence. Toujours pas, ils m'ont confié la responsabilité de Klara alors que je n'avais que quinze ! Que voulez vous que je fasse d'une gosse à quinze ans ! Ils me dégoûtent, ils ont été d'une lâcheté ! Ils auraient pu essayer d'arranger les choses mais non ! Non ! ils n'en ont fait qu'à leur tête. Et aujourd'hui ils sont morts, ils ne reviendront plus, plus jamais.

C'est à ce moment que je sentie une larme rouler sur ma joue, puis une autre. Depuis combien de temps je n'avais pas pleurer ? S'en était trop là. Trop.